Perception des agriculteurs sur le changement climatique et l’agriculture intelligente dans le nord du Bénin, en Afrique de l’Ouest

L’agriculture intelligente face au climat est une approche qui identifie les actions nécessaires pour transformer et réorganiser les systèmes agricoles afin de soutenir efficacement le développement agricole et d’assurer la sécurité alimentaire face au changement climatique.

Plus de 60 % des agriculteurs du nord Bénin avaient entendu parler du changement climatique, et plus de 80 % avaient observé des changements dans la température, la quantité et la répartition des précipitations.

Trente-et-une pratiques de l’agriculture intelligente face au climat ont été inventoriées dans le nord du Bénin (AEZ IV), et seulement 11 étaient connues par plus de 50 % des agriculteurs.

Les agriculteurs étaient d’accord avec les déclarations selon lesquelles les pratiques de l’agriculture intelligente face au climat ont amélioré la productivité agricole et l’adaptation au changement climatique, mais n’ont pas atténué le changement climatique. La raison d’un tel résultat peut-être que l’atténuation est complexe à expliquer ou à comprendre, tandis que la productivité et l’adaptation sont relativement simples.

Le groupe ethnique et le niveau d’éducation étaient les deux principaux facteurs qui déterminaient de manière significative l’utilisation de pratiques de l’agriculture intelligente face au climat.

Citation:
Moutouama, F.T., Tepa-Yotto, G.T., Agboton, C., Gbaguidi, B., Sekabira, H., Tamò, M., 2022. Farmers’ Perception of Climate Change and Climate-Smart Agriculture in Northern Benin, West Africa. Agronomy 12, 1348.,

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Comprendre les rôles et fonctions des races bovines pour les éleveurs au Bénin

Les ressources zoogénétiques (AnGR) sont essentielles pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de nombreux éleveurs. Cependant, la diversité des ressources zoogénétiques est actuellement érodée, ainsi que les connaissances écologiques traditionnelles associées à l’utilisation des races indigènes et de leur environnement.

Cette étude vise à comprendre les connaissances des éleveurs sur les races bovines (inventaire des races et des traits de performances), la préférence pour des races spécifiques et les raisons associées, et la variation potentielle des connaissances entre les générations et les zones agro-écologiques.

Les personnes interrogées appartenaient à trois générations et trois zones agro-écologiques en périphérie de la Réserve de biosphère du W au Bénin. De la mise au point des discussions de groupes, nous avons identifié les races les plus courantes dans la région (Keteeji, Jaliji, Bodeji, Tchiwali et Gudali) et les traits les plus pertinents (production de lait, production de viande, endurance et tolérance à la trypanosomose) évalués chez les races bovines selon les éleveurs.

Les savoirs traditionnels constituent un réservoir de connaissances qui peuvent guider les scientifiques. Les éleveurs ont apprécié l’adaptation des traits de leur bétail plus que des traits productifs.

La perte continue de terres et de ressources pastorales et la pression sur les communautés pastorales, peut orienter les préférences des éleveurs en bovins avec des caractères adaptatifs élevés.

Les préférences pour des races particulières et garder un seul troupeau de race sont des menaces potentielles pour la diversité du bétail dans la zone de l’étude.

La conservation d’une variété de races locales dans les communautés pastorales pourrait aider à faire face à la forte demande projetée de produits alimentaires d’origine animale  ainsi que les enjeux des maladies émergentes et des nouvelles préférences des consommateurs.

Citation :

Tamou, C., Boer, I.J.M. De, Ripoll-bosch, R., Oosting, S.J., 2018. Understanding roles and functions of cattle breeds for pastoralists in Benin. Livest. Sci. 210, 129–136.

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Perception populaire du dimorphisme sexuel, de la sex-ratio et de la répartition spatiale : Implications pour la dynamique des populations de Sclerocarya birrea [(A. Rich) Hochst] au Bénin, Afrique de l’Ouest

Sclerocarya birrea est une espèce dioïque (sexe séparé) à usages multiples dont le bois, les fruits et l’écorce représentent les principales parties utilisées de l’espèce. La récolte du bois et de la partie végétale devrait être orientée vers les individus mâles afin de réduire les menaces sur les femelles, et donc, permettre leur production de fruits optimale sans pour autant affecter négativement les activités de pollinisation.

La valorisation des connaissances endogènes est importante dans la gestion durable des ressources forestières. Néanmoins, ces perceptions locales doivent être confrontées aux résultats scientifiques pour une gestion efficace et efficiente.

L’abattage sélectif des arbres est l’un des plus importantes causes des changements dans les systèmes agroforestiers des pays africains. Les terres arides sont susceptibles d’influencer la sex-ratio (rapport entre mâle et femelle) des adultes en biaisant la présence des femelles chez les dioïques.

Concernant la répartition spatiale de l’espèce, on note une absence d’attraction ou de répulsion entre mâle et femelle d’une part mais aussi une absence de ségrégation spatiale des sexes dans les populations de S. birrea.

Citation:

Gouwakinnou, G.N., Mette, A., Bruno, L., Djossa, A., Sinsin, B., 2011. Folk perception of sexual dimorphism , sex ratio , and spatial repartition: implications for population dynamics of Sclerocarya birrea [( A . Rich ) Hochst ] populations in Benin , West Africa. Agroforest Syst 82, 25–35.

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Sécurité alimentaire au Bénin

Depuis des années, la situation alimentaire au Bénin est précaire. Et ce sont les ménages ruraux dans le nord du pays qui sont particulièrement touchés par la sous-alimentation et la malnutrition.

Les femmes de ménages touchés par l’insécurité alimentaire reçoivent une formation ciblée sur la composition et la préparation d’une alimentation équilibrée, l’hygiène, les besoins nutritionnels des femmes enceintes et des enfants en bas âge.

Des nutritionnistes sont formés en matière d’alimentation et de diversité alimentaire. Ils vont voir les femmes dans les villages pour les informer des sujets importants relatifs à la nutrition et des pratiques d’hygiène. Souvent, ils communiquent leur savoir à des bénévoles dans les villages, qui à leur tour agissent en tant que multiplicateurs.

Au niveau des ménages, la situation alimentaire des personnes touchées par l’insécurité alimentaire, en particulier celle des femmes en âge de procréer et des jeunes enfants, s’est améliorée.

Les approches qui ont du succès sont ancrées à l’aide de conseils politiques et d’une assistance fournie au Conseil national de l’alimentation et de la nutrition (CAN). Le CAN est soutenu dans son rôle de coordonnateur du processus SUN. Celui-ci consiste à élaborer des recommandations pour le développement d’approches nationales en matière de sécurité alimentaire, et à les intégrer dans les politiques et programmes nationaux.

Citation :

GIZ, 2017. Sécurité alimentaire au Bénin. Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH.

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Inventaire national et utilisation des médicaments à base de plantes pour traiter les troubles gastro-intestinaux chez les bovins au Bénin (Afrique de l’Ouest)

La flore béninoise est celle riche en plantes médicinales utilisées pour soigner les troubles gastro-intestinaux des bovins troubles.

Les troubles gastro-intestinaux sont restés récurrents avec le bétail au Bénin malgré l’importante importation de médicaments vétérinaires à coûts élevés.

158 espèces de plantes médicinales appartenant à 60 familles et 130 genres ont été identifiées avec les légumineuses (18 %) et les combretacées (6,4 %) qui étaient les plus représentées.

Trente et une familles de plantes ont été mentionnés comme étant très utilisés (environ 52%), parmi lesquels les plus importants étaient les Zygophyllaceae, les Phytolaccaceae, Rubiacées, Lamiacées, Loranthacées, Thymelaeaceae et Flacourtiacées.

Sept troubles gastro-intestinaux sont couramment traités par les plantes dont les plus fréquents étaient la parasitose interne (35 %), la diarrhée (29 %) et la constipation (17%).

Les facteurs socio-économiques influençant les connaissances ethnobotaniques sur ces espèces étaient : l’âge, la profession et la situation géographique des informateurs.

Il est nécessaire d’effectuer une analyse plus poussée des produits chimiques et du contenu pharmacologique de ces espèces pour vérifier l’efficacité de leurs propriétés revendiquées afin de soulager les agriculteurs de ces troubles.

Il faut intégrer les savoirs locaux des communautés dans des propositions adaptées pour préserver les plantes anti-gastro-intestinales.

Il faut contribuer à l’utilisation durable des plantes médicinales menacées par les campagnes de reboisement et l’éducation à l’environnement.

Citation :

Ouachinou, J.M.S., Dassou, G.H., Idohou, R., Adomou, A.C., Yédomonhan, H., 2019. National inventory and usage of plant-based medicine to treat gastrointestinal disorders with cattle in Benin ( West Africa ). South African J. Bot. 122, 432–446.

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Diversité, conservation et espèces sauvages apparentées du mil Fonio (Digitaria spp.) dans le nord-ouest du Bénin

Développement des variétés modernes de fonio et bien adaptées pour répondre aux besoins des agriculteurs et des consommateurs.

Quinze villages choisis au hasard sont 15 dans la zone de production du fonio au Bénin.

15 variétés locales nommées par les agriculteurs sont enregistrées et regroupées en cinq morphotypes, dont quatre appartiennent à D. exilis et un à D. iburua.

Les différentes appelation de la culture du fonio sont : Ipoaka en Ditamari, Péi en Wama, Poaji en Natimba, Ipoé en Bialli et Afiôhoun en Lamba. Ces noms varient selon l’ethnie.

Pour la sélection des variétés, les agriculteurs utilisent 08 critères de préférences identifiés et hiérarchisés en fonction du sexe tels que : précocité, caractéristiques culinaires, facilité de transformation, productivité, facilité de récolte, taille des grains, aptitude au stockage et tolérance à la sécheresse.

Deux espèces végétales putatives signalées par les agriculteurs sont Digitaria horizontalis Willd. et Digitaria longiflora (Retz.) Pers.

Digitaria longiflora présente des caractères agronomiques intéressants utiles pour l’amélioration du fonio.

La culture est menacée. Il urge donc de préserver sa diversité et accroître son utilisation pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition au Bénin.

Nécessité de développer des stratégies intégrées pour la conservation et l’utilisation durables des ressources génétiques du fonio au Bénin en raison de l’érosion génétique.

Citation :

Dansi,  A., Adoukonou-Sagbadja, H., Vodouhe, R., 2010. Diversity, conservation and related wild species of Fonio millet (Digitaria spp.) in the northwest of Benin. Genet. Resour. Crop. Evol. 57, 827–839.

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Diversité et valorisation au niveau local des ressources végétales forestières alimentaires du Bénin

Cent soixante-deux espèces de ressources végétales forestières sont consommées par les populations locales à travers tout le pays.

Les espèces sont plus présentes dans les forêts que dans les formations plus ouvertes.

Le baobab (Adansonia digitatat L) a une grande importance alimentaire. Consommation des jeunes feuilles, des fleurs et les graines crues ou bouillies.

L’arille mûr de Blighia sapida Koenig est comestible cru, cuit, grillé ou frit. Il est riche en huile et est très utilisé par les populations locales.

Importance du karité (Vitellaria paradoxa Gaertn) dans l’alimentation et dans l’économie des populations. Son beurre joue un rôle économique car il fait l’objet d’un commerce très important.

Le fruit du néré (Parkia africana (Jacq.) Benth) est très important dans la cuisine béninoise. Sa pulpe fraîche et fermentée donne une boisson rafraîchissante. Les graines sont riches en protéines et en matières grasses et sont utilisées pour fabriquer un concentré très utilisé pour assaisonner différents types de sauce.

Borassus aethiopum Mart. est un palmier très exploité, utilisé dans de nombreuses constructions, notamment les charpentes de case. La partie charnue du fruit est consommée.

Le prunier noir (Vitex doniana Sweet) est une espèce dont la pulpe noirâtre et sucrée est comestible et peut servir à faire une boisson douce.

Le tamarin (Tamarindus indica L.) est un arbre qui s’intègre également dans les systèmes agroforestiers traditionnels en raison de ses fruits utilisés pour fabriquer une boisson acidulée.

Nécessité d’identifier la production de la forêt et mettre en exergue la composition en nutriments de des ressources forestières.

Citation :  Codjia, J. T. C., Assogbadjo, A. E., Ekué, M. R. M., 2003. Diversité et valorisation au niveau local des ressources végétales forestières alimentaires du Bénin. Cahiers Agricultures. 12, 321-331.

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Variabilité climatique et état de la production et de la diversité du sorgho (Sorghum bicolor (L.) Moench) dans la zone aride du nord-ouest du Bénin

Vingt-deux villages sélectionnés au hasard dans les six districts et les différentes zones ethniques pour l’enquête. Les données sont collectées grâce à l’application d’outils et techniques d’évaluation de la recherche participative.

8 contraintes les plus importantes affectant la production de sorgho sont la prolifération du striga, la pauvreté des sols et les effets du changement climatique.

89 variétés de sorgho ont été inventoriées et leur nombre varie de 4 à 17 (7 en moyenne) par village.

Les variétés locales sont menacées avec des taux relativement élevés (16,7-88,2 % ; 40,9 % en moyenne) de perte de cultivars. Menace d’érosion génétique et nécessité de développer des stratégies de conservation.

L’inadaptation des cultivars à la variabilité climatique (39,6 % des variétés abandonnées). Les principales stratégies développées par les agriculteurs pour atténuer les impacts du changement climatique sont la rotation des cultures, la culture de variétés à maturation précoce et/ou tolérantes à la sécheresse, l’établissement de champs dans les basses terres.

L’évaluation participative des variétés existantes a conduit à l’identification de certaines variétés très performantes qui sont résistantes/tolérantes à divers stress abiotiques et biotiques.

les agriculteurs ont adopté plusieurs stratégies pour réduire les risques associés à ces impacts et améliorer la production de sorgho, dont l’utilisation de variétés à maturation précoce et/ou tolérantes et le déplacement vers des terres fertiles relativement humides.

Introduire de nouvelles variétés correspondant aux besoins des agriculteurs et aux critères de préférence.

Citation :

Dossou-Aminon, I., Dansi, A., Ahissou, H., Cissé, N., Vodouhè, R., Sanni, A., 2016. Climate variability and status of the production and diversity of sorghum (Sorghum bicolor (L.) Moench) in the arid zone of northwest Benin. Genet. Resour. Crop. Evol. 63,1181–1201.

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Etat des lieux de la sécurité alimentaire dans le département de l’Atacora (au Nord-Ouest du Bénin) et analyse des politiques publiques.

L’Atacora, malgré ses atouts agricoles et les nombreux programmes agricoles qui y sont mis en œuvre, reste marqué par l’insécurité alimentaire.

D’après l’enquête sur la sécurité alimentaire réalisée par le Programme alimentaire mondial en 2008, 29% de la population de l’Atacora souffrent de l’insécurité alimentaire.

Toutes les formes de malnutrition protéino-énergétique sont enregistrées chez les enfants de 0 à 5 ans.

La diversité alimentaire est faible chez les enfants de 6 à 23 mois.

Chez les enfants de 6 à 59 mois, le taux de malnutrition aiguë est de 7,8%, le taux de malnutrition chronique est de 42,8% et celui de l’insuffisance pondérale est de 22,5%.

L’insécurité alimentaire dans le département de l’Atacora trouve ses sources dans la faiblesse de la production agricole, l’instabilité de la commercialisation des produits vivriers et dans le manque d’accès financier causé par la pauvreté et le manque d’alternatives économiques.

La persistance de l’insécurité alimentaire dans ce département est due à l’inefficacité des politiques de lutte contre l’insécurité alimentaire, qui ne visent pas spécifiquement les personnes vulnérables pour promouvoir leur accès à l’alimentation, mais s’oriente vers l’augmentation de la production alimentaire qui dépend fortement de la filière coton pour l’accès aux intrants, aux équipements et aux crédits.

L’amélioration durable de la situation alimentaire dans l’Atacora nécessite la facilitation de l’élargissement des choix économiques des ménages agricoles, le renforcement de capacité en techniques et équipements de post-récolte et une amélioration de la protection sociale.

Citation :

Zinzindohoue, E., 2012. Etat des lieux de la sécurité alimentaire dans le département de l’Atacora (au Nord-Ouest du Bénin) et analyse des politiques publiques.

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Connaissance endogène de quatre légumes à feuilles utilisés par les populations rurales du Bénin.

Les légumes-feuilles sont des sources de diversification alimentaire et pourraient contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les zones rurales africaines.

Les légumes-feuilles sont des sources importantes de vitamines, de protéines et de minéraux tels que le fer, le calcium et les fibres.

Dans les zones rurales du Bénin, 187 espèces traditionnelles de légumes-feuilles ont été identifiées et beaucoup sont couramment utilisées comme constituants alimentaires dans la préparation de soupes et de ragoûts.

Parmi les légumes-feuilles indigènes enregistrés au Bénin, Ceratotheca sesamoïdes Endl. (faux sésame ; Pedaliaceae), Sesamum radiatum L. (Pédaliacées), Acmella uliginosa (L.) Jansen (Plante à maux de dents ; Asteraceae) et Justicia tenella (Nees) T. Anderson (Acanthaceae) sont identifiés comme ayant une grande importance et sont largement présents dans de nombreux districts du nord et du centre du Bénin.

La cuisson des feuilles fraîches prédomine, tandis que le séchage au soleil est la pratique habituelle de conservation de ces légumes à feuilles.

Tous les légumes-feuilles étudiés étaient consommés sous forme de sauces cuites.

Différents types de sauces ont été identifiés : (1) les sauces préparées avec un seul légume et (2) les sauces avec une combinaison de légumes-feuilles.

Les fréquences de consommation sont associées aux groupes socioculturels, aux habitudes alimentaires et à la disponibilité dans le terroir.

L’espace géographique et/ou l’identité culturelle ou l’origine et la saison influencent la consommation de légumes-feuilles traditionnels.

Citation :

Vihotogbe-Sossa, C., Akissoe, N., Anihouvi, V., Ahohuendo, B., Ahanchede, A., Sanni, A., Hounhouigan, D., 2012. Endogenous knowledge of four leafy vegetables used by rural populations in Benin. Ecology of food and nutrition 51, 22–39.

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